Traités commerciaux internationnaux

MERCOSUR – CETA N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas !

Alors que les projets de traités commerciaux internationaux CETA et MERCOSUR soulèvent un rejet massif, l’Union européenne et les pays du MERCOSUR sont parvenus vendredi soir à un accord de libéralisation commerciale. L’agriculture a, à l’évidence, servi de monnaie d’échange et se voit sacrifiée par la Commission européenne ! A l’identique de ce qui s’est passé pour les accords UE-CETA. Cependant, pour entrer en application ce traité doit encore être ratifié de part et d’autre pour pouvoir entrer en application. Les prochaines échéances sont l’approbation - ou non - du Conseil (chefs d’Etat) Européen et du Parlement européen.
Sacrifice de l’alimentation des consommateurs français mais aussi du travail des agriculteurs ! Les producteurs français et européens s’attachent à produire une alimentation de qualité, qui respecte des règles sanitaires et environnementales strictes pour protéger les consommateurs. C’est dans une incohérence totale, que le gouvernement qui semblait nous avoir entendus, dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation, semble maintenant approuver ces accords UE-MERCOSUR.
Ne nous y trompons pas, ce sont des pans entiers de nos productions qui seraient demain abandonnés. Où sont les promesses du Président de la République quand il déclarait lors de l’ouverture des EGAlim et lors du Discours des voeux à l’agriculture le 25 janvier 2018 : « Je souhaite que nos accords commerciaux soient cohérents avec les engagements que nous prenons pour nous-mêmes sur le plan social, environnemental et productif.» ?
Nous avons tous le droit à une alimentation de qualité, et nous défendons une agriculture familiale et non de firme. Les paysans veulent continuer à exister ! Notre revendication : NON aux accords de libre-échange destructeurs de notre agriculture ! CETA-MERCOSUR, même combat !
Ne perdons pas de vue que l’accord doit encore être ratifié, notre combat ne fait que se poursuivre.

Ce qu’on veut nous faire avaler


Qu’est-ce que le MERCOSUR ?
Créé en 1991, le Mercosur est l'abréviation de Mercado común del Sur (marché commun du Sud). Sur le modèle de l’Union européenne, il regroupe quatre membres fondateurs : l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Toutefois, l’intégration du Mercosur est complexe avec de fortes contraintes et obstacles aux échanges entre les pays membres, ce qui le rend incomparable avec l’UE.

Accepter la viande bovine sud-américaine dans son assiette, c'est cautionner :

  • Le risque sanitaire pour les citoyens français : le Brésil est empêtré dans un scandale de corruption sans précédent depuis avril 2017, impliquant la commercialisation de viandes avariées vers l'Union Européenne.
  • La destruction de la forêt amazonienne.
  • La mise en danger de toute une filière en France, avec la disparition d'au moins 30 000 éleveurs !

Des viandes aux standards bien différents de ceux des viandes françaises :

  • En France :

L’élevage bovin viande repose sur une production familiale avec environ 60 vaches par exploitation. Les troupeaux sont alimentés en moyenne à 80% d’herbe et 20% de compléments à base de céréales. 90% de la ration alimentaire des troupeaux est produite par les éleveurs sur leur exploitation. Les viandes françaises font l’objet du système de traçabilité individuel le plus poussé au monde : elles garantissent aux consommateurs une viande issue d’un animal né, élevé, abattu et transformé en France.

  • Sur le continent américain :

Les bovins sont engraissés au sein de « feed lots », ces parcs industriels contenant 30 000 animaux en moyenne. Les modes de production sont peu ou pas règlementés. Pour l’instant, le MERCOSUR ne prévoit aucune harmonisation et exigence en matière de sécurité sanitaire, de bien-être animal, de protection sociale des salariés, de protection de l’environnement...

Sécurité sanitaire :

Les élevages du continent américain utilisent massivement des anti-biotiques comme activateurs de croissance pour engraisser les bovins.

De plus, les farines animales sont largement utilisées sur le continent américain et ne sont pas interdites au regard de l’OMC.

Au total, 46 substances interdites par la règlementation de l’UE sont utilisées par les élevages sur le continent américain. Par exemple, l’ensemble des produits antimicrobiens autorisés au Brésil comme additifs alimentaires dans la ration des bovins sont interdits par la règlementation de l’UE.

Un dernier exemple qui vient accabler le système de production des viandes du Brésil : la récente crise de la « viande avariée » au Brésil et la fermeture des marchés américain et russe aux viandes brésiliennes suite à la découverte de substances interdites dans ces viandes.

Traçabilité : Il n’y a pas d’obligation de traçabilité et de suivi individuel des animaux. La traçabilité des bovins ne se fait que sur base volontaire.

Alimentation : Leur ration alimentaire se compose à 80% de maïs, complétée par des farines animales, des activateurs de croissance, d’antibiotiques…

Bientraitance animale : Au Brésil par exemple, le pays n’a jamais légiféré sur les principes fondamentaux du bien-être animal en élevage (accès à l’alimentation, à l’eau, aux soins...). Les bovins sont engraissés dans des conditions peu respectueuses des besoins de leur espèce. Ils sont souvent sales et disposent d’un espace extrêmement réduit, optimisé au maximum pour des soucis d’économies d’échelle.

Protection de l’environnement :

  1. Les règlementations environnementales n’ont pas suivi la concentration des élevages. Les « feed lots » se caractérisent par l’absence de pâturage et la concentration de lisier.
  2. De plus, l’élevage bovin contribue à la déforestation de la forêt amazonienne à un rythme de 1,6 million d’hectares par an.

 

Des importations qui vont brader la production bovine française
L'accord éliminera les droits d'importation sur 92% des marchandises du Mercosur exportées vers l'UE, dont de nombreux produits agricoles :

  1. Viande bovine : 99 000 t avec un droit à 7,5% (55% de viande fraîche et 45% de viande congelée).
  2. Volaille : 180 000 t à droit 0% (50% de viande désossée et 50% de viande non désossée).
  3. Viande porcine : 25 000 t à droits réduits.

Ces milliers de tonnes de viande négociées dans ces accords ne peuvent pas arriver sur le marché français sans le déstabiliser et faire perdre de la valeur aux viandes françaises. Selon les estimations de nos organisations interprofessionnelles, les fermes devront faire face à une perte de résultat colossale de l'ordre de 30 à 60%. Les éleveurs subissent déjà une conjoncture compliquée depuis plusieurs années. Cette perspective pourrait faire perdre plusieurs dizaines de milliers d’emplois en France (arrêt des fermes et baisse d'activité dans toute la chaîne de transformation).