Sécheresse

Les satellites ne voient pas la réalité du terrain

Désormais, chaque été apporte son lot de chaleur et d’inquiétudes. Les sols ont séché, la pluie s’est faite rare, l’herbe a grillé et nos animaux ont été nourris dès août, parfois même juillet, avec les stocks de fourrage que nous avions fait pour l’hiver.

Depuis 2003, ci ou là, l’Aveyron a subi 13 épisodes de sécheresse sur des zones plus ou moins grandes du département. 3 années sur 4. Pour déclencher le soutien des Calamités, il faut entre autres que les données météorologiques montrent une pluviométrie la plus faible depuis 10 ans. Aujourd’hui, nous craignons de ne pas pouvoir atteindre ces seuils. Plus les sécheresses deviennent récurrentes, moins elles peuvent prétendre à être prises en charge par le dispositif des Calamités agricoles destinées à pallier un "évènement climatique exceptionnel".

Pourtant, dans beaucoup de fermes, les difficultés sont bien là. Depuis le terrain, on rapporte aux syndicats les problèmes d’affouragement, les stocks entamés, les achats alimentaires imprévus,… En analysant précisément la situation de plusieurs fermes, les pertes de récoltes sont parfois bien là, au-delà du seuil de 30 % nécessaire pour prétendre obtenir l’aide des Calamités agricoles. Mais les cartes satellites utilisées par l’administration (ISOP, airbus et Géosis) calculent des taux de perte contradictoires avec les réalités du terrain, et elles sont même incohérentes entre elles ! 

Pour montrer l’ampleur de la sécheresse 2020 en Aveyron et démontrer l’incohérence des observations satellitaires, la FDSEA et les JA ont invité Madame la Préfète Valérie Michel-Moreaux sur une ferme.

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Dossier de presse

LA REALITE DU TERRAIN

Pour Véronique et Patrice Saurel, cette sécheresse leur coûte déjà 8 500 €

C’est une ferme classique, parfaitement représentative des fermes qui élèvent des vaches de race à viande sur notre département. Les 100 vaches de race Aubrac permettent en temps normal de générer deux salaires et de faire vivre la famille. 

Pour alimenter les animaux, la ferme s’étend sur 150 ha, dont 92 % sont des prairies pour le pâturage et pour la fauche. Les 8 % restants sont des cultures de céréales pour compléter l’alimentation des vaches : 

  •  5 hectares de maïs, comptant dans le calcul des Calamités agricoles ;  
  •  8 hectares sont semés d’autres céréales, non prises en compte par les Calamités, mais qui pèsent tout autant dans le calcul des pertes de l’année.

Année normale/année 2020

  • En temps normal, les vaches vont à l’estive de mai à octobre et les prairies permettent de récolter 381 tonnes de fourrage. 
  • Cet été, les vaches ont été nourries avec le stock de fourrage d’hiver pendant 45 à 50 jours, et les récoltes se sont arrêtées à 260 tonnes de fourrage. 

>> Il manque 121 tonnes, soit 32 % de pertes. 8 500 € d’achat de maïs, de paille et d’aliment ont dû être réalisés. D’autres achats d’alimentation devront être faits durant l’hiver, estimés entre 5000 et 8000€. 

GLOBALEMENT EN AVEYRON

Herbe : La pousse de l'herbe a été tardive mais relativement normale sur l'ensemble du département, même si à plusieurs endroits, il manque clairement du stock. Cependant, l'affouragement a commencé partout depuis août, voire même juillet dans certains secteurs.
Céréales : Les rendements sont très variables, mais globalement faibles. L'impact sur les stocks de paille est très important.
Maïs : Altitude, précocité et absence d'eau ont rendu les maïs médiocres cette année. Les élevages cultivant du maïs, notamment les élevages laitiers, sont très impactés.

CHANGEMENT CLIMATIQUE, CHANGEMENT DE PRATIQUES

Le changement climatique est bien là, les paysans le voient venir depuis longtemps et n’ont pas attendu 2020 pour expérimenter de nouvelles pratiques :

  • Cultures annuelles. 
  • Création de retenues d’eau et irrigation des maïs, et même des semis maintenant. 
  • Semis-direct qui préserve l’humidité des sols. 
  • Culture de variétés plus résistantes au manque d’eau, comme la betterave fourragère par exemple.

CHANGEMENT CLIMATIQUE, CHANGEMENT DE SOUTIENS

Depuis 2003, ci ou là, l’Aveyron a subi 13 épisodes de sécheresse sur des zones plus ou moins grandes du département. 3 années sur 4. Pour déclencher le soutien des Calamités, il faut entre autres que les données météorologiques montrent une pluviométrie la plus faible depuis 10 ans. Aujourd’hui, nous craignons de ne pas pouvoir atteindre ces seuils. Plus les sécheresses deviennent récurrentes, moins elles peuvent prétendre à être prises en charge par les calamités agricoles destinées à pallier un "évènement climatique exceptionnel".

Pourtant, les difficultés du terrain sont bien là et s’ajoutent toujours aux prix bas de nos productions et à la conjoncture difficile. Les Calamités agricoles sont un dispositif de soutien nécessaire qui doit lui aussi s’adapter au changement climatique. Il faut : 

  • Prendre en compte les pertes liées à l’affouragement des animaux pendant l’été quand les prairies sont grillées. 
  • Que les missions d’enquêtes de terrain réalisées par l’administration prévalent sur les images satellitaires venues d’en haut.