Etats Généraux de l’Alimentation

Indignation et consternation !

C’est avec indignation et consternation que la FDSEA 12 et les JA 12 constatent l’échec de la Commission Mixte Paritaire (CMP) chargée d’examiner le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole.
A la veille des difficiles négociations commerciales de l’automne, la manœuvre politique l’a finalement emporté sur le réalisme d’un texte respectueux de l’esprit des Etats Généraux de l’Alimentation et du travail conjoint des parlementaires.

Sur la question centrale des indicateurs de coûts de production, rappelons qu’il s’agit juste de mettre à disposition des producteurs une référence neutre et indiscutable dans leurs relations commerciales avec l’aval de la filière.
Sans ce garde-fou efficient, que peuvent peser les agriculteurs face à quatre centrales d’achat qui concentrent à elles seules 94% du marché alimentaire national ?
Les députés de la majorité membres de la CMP, apparemment « sous l’injonction de l’Elysée » ont délibérément ignoré cette réalité. Pire, c’est sur cette disposition qu’ils ont fait capoter la CMP, alors même qu’elle avait été votée conforme entre les deux Assemblées !
Pour répondre à la promesse initiale d’inverser la logique de construction du prix et d’aboutir à une meilleure rémunération des producteurs, cette mesure est attendue par les paysans avec impatience car dans le monde agricole, comme nulle part ailleurs, c’est l’acheteur qui fait son prix, et ce, en toute impunité !

Quelques exemples en date, cette semaine, après deux réunions de négociation entre Lactalis et les producteurs qui se sont soldées par un échec, l’entreprise décide seule et annonce son prix. D’abord c’est inacceptable car le prix imposé est insuffisant pour rémunérer le travail des producteurs et rattraper plusieurs mois de crise. Et en plus, il n’est aujourd’hui plus tenable que l’acheteur puisse décider à quel prix il veut acheter !
Les paysans ont besoin de règles du jeu, et vite ! Les négociations commerciales reprennent en septembre et nous ne pouvons pas envisager que l’on tergiverse sur cette question centrale de la construction du prix.

Alors que l’Etat s’oppose à la mise en œuvre de ces mesures de justice, il négocie dans le même temps des accords internationaux, notamment avec le MERCOSUR, qui vont faire entrer sur le marché européen des viandes à bas prix et d’une qualité extrêmement contestable.
Alors qu’une juste rémunération est refusée aux producteurs, le Brésil vote un projet de loi destiné à accélérer la mise sur le marché des pesticides. Forcément ! Face à une Europe ouverte à toutes les importations, face à une Europe qui diminue ses soutiens aux agriculteurs, face à des producteurs qui ont du mal à tirer un revenu correct de leur travail, les brésiliens ont compris qu’ils allaient devoir produire plus pour nourrir les européens !

Qu’elle agriculture voulons-nous ? Il est urgent de construire un modèle agricole français et européen qui fasse vivre ses agriculteurs. Une juste rémunération des producteurs est la base d’une alimentation saine !