Exigeons la viande française dans nos assiettes, toutes nos assiettes !
Depuis toujours, la Fédération Nationale Bovine se mobilise pour exiger des grandes surfaces qu’elles proposent et mettent en avant la viande française. Et aujourd’hui, globalement, c’est chose faite. Maintenant, c’est au tour de la RHD, « restauration hors foyer », ou plus précisément des enseignes de restauration rapide où la part de viandes importée demeure aux alentours de 70 % !
La RHD concentre une part importante, et en croissance, de la consommation de viande bovine en France. Par exemple, le steak pour burger a connu en 2017 une croissance de + 9 % (chiffres cabinet Gira Conseil). Et en même temps, l’importation en France de viande bovine est également en croissance de + 4% en 2017 et de + 3 % en 2018 (Chiffres GEB-Institut de l’Elevage d’après Eurostat). Clairement, cet import de viande bovine est dirigé vers le secteur de la RHD qui continue à privilégier la viande d’origine étrangère.
En octobre 2018, la Fédération Nationale Bovine a saisi par courrier 36 enseignes nationales de RHD pour organiser des rencontres avec chacune d’elle, obtenir des informations sur leurs stratégies d’approvisionnement (volumes, prix, origine,…) et rappeler les enjeux forts pour les consommateurs : qualité, traçabilité, emploi, environnement, bien-être animal,… 17 opérateurs ont répondu, mais d’autres, malgré les relances, continuent de faire la sourde oreille.
Et entre temps, la Loi Alimentation (article 44) interdit désormais la commercialisation en France des produits alimentaires qui ne répondent pas à la règlementation européenne (alimentation animale, produits vétérinaires et phytosanitaires, traçabilité,…).
Pour toutes ces raisons, mardi 19 février dernier, nous sommes allés jeter notre grain de sel dans les cuisines des restaurants Buffalo Grill et Courtepaille de l'agglomération ruthénoise.
Viande bovine : Une consommation toujours active, mais une hausse des imports
Contrairement aux informations qui circulent sur la « dé-consommation » de viandes par les français, les chiffres le montrent : les français continuent de manger de la viande bovine. La consommation de viande bovine en 2018 (données Institut de l’Elevage) s’est située en hausse de + 2 % par rapport à l’année 2017.
Mais cette consommation se transforme : moins d’achats au niveau des ménages (-4,5% d’achats en volumes sur la viande bovine à fin novembre 2018/comparé à novembre 2017 Source : chiffres du Panel Kantar), mais plus de repas pris avec de la viande bovine en dehors du domicile ! Pour la première fois en 2017, les ventes de burger ont même dépassé celles du traditionnel jambon-beurre. Plus de 1,46 milliard de burgers ont été vendus, soit une croissance de 9 % (contre 1,21 milliards d’unités pour le jambon-beurre). Données du cabinet Gira Conseil.
Mais ces chiffres sur la consommation s’accompagnent en parallèle d’une augmentation des importations de viande bovine en France en 2018, de + 3% en bilan annuel par rapport à 2017 (source Institut de l’Elevage) qui s’observe prioritairement vers le secteur de la RHD. Dans la Restauration hors Domicile, la part de viande importée demeure aux alentours de 70 % !
Restauration Hors Domicile : Faire la transparence sur l’origine et le prix des viandes consommées
En octobre 2018, la Fédération Nationale Bovine a saisi par courrier plus de 36 enseignes nationales de RHD pour organiser des rencontres avec chacune d’elle avec deux objectifs :
- Connaître les origines des viandes distribuées et demander leur stratégie pour augmenter la part de français dans leurs approvisionnements futurs,
- Connaître les prix d’achat et prix pratiqués par ces acteurs en viande bovine, afin de gagner en transparence dans la filière et notamment de mieux valoriser la viande.
Dans son courrier, la FNB a insisté sur le fait qu’en l’absence de réponse de leur part, les éleveurs viendront exprimer leur incompréhension et « chercher les informations sur place ». Une relance a été faite en décembre pour les acteurs n’ayant pas répondu précédemment.
- 8 rencontres avec 11 acteurs différents ont été organisées entre octobre et janvier : Api Restauration, Brake, Burger King, Quick, D.S. Restauration, Elior Group, Flunch, Métro, Pomona, Sodexo, Sogères.
- 6 ont répondu, mais sans qu’une rencontre ait pu être encore formalisée : Casino Restauration, CROUS, Direction Economat des Armées, Mac Donald’s, Transgourmet, UniHA
- 20 acteurs de la RHD n’ont donc pas répondu à notre demande à ce jour !
La loi Alimentation interdit désormais de distribuer des denrées produites sous conditions différentes de celles autorisées par l’UE
Demandée de longue date par les éleveurs, retenue à l’issue des Etat généraux de l’Alimentation, et désormais inscrite dans la loi votée le 30 octobre 2018 (article 44), cette interdiction concerne en premier lieu la viande bovine.
« Art. L. 236-1.-A.-Il est interdit de proposer à la vente ou de distribuer à titre gratuit en vue de la consommation humaine ou animale des denrées alimentaires ou produits agricoles pour lesquels il a été fait usage de produits phytopharmaceutiques ou vétérinaires ou d'aliments pour animaux non autorisés par la réglementation européenne ou ne respectant pas les exigences d'identification et de traçabilité imposées par cette même réglementation. » « L'autorité administrative prend toutes mesures de nature à faire respecter l'interdiction prévue au premier alinéa. »
Essentiellement en provenance du continent américain, la viande bovine importée répond à des standards sanitaires, sociaux et environnementaux,… bien différents de ceux des viandes de France !
Sur le continent américain : Les bovins sont engraissés au sein de « feeds lots », ces parcs industriels contenant 30 000 animaux en moyenne. Les modes de production sont peu ou pas réglementés. Pour l’instant, le MERCOSUR ne prévoit aucune harmonisation et exigence en matière de sécurité sanitaire, de bien-être animal, de protection sociale des salariés, de protection de l’environnement,...
- Les élevages du continent américain utilisent massivement des antibiotiques comme activateurs de croissance pour engraisser les bovins.
- De plus, les farines animales sont largement utilisées sur le continent américain et ne sont pas interdites au regard de l’OMC.
- Au total, 46 substances interdites par la règlementation de l’UE sont utilisées par les élevages sur le continent américain. Par exemple, l’ensemble des produits antimicrobiens autorisés au Brésil comme additifs alimentaires dans la ration des bovins sont interdits par la règlementation de l’UE.
- Il n’y a pas d’obligation de traçabilité et de suivi individuel des animaux. La traçabilité des bovins ne se fait que sur base volontaire.
- Au Brésil par exemple, le pays n’a jamais légiféré sur les principes fondamentaux du bien-être animal en élevage (accès à l’alimentation, à l’eau, aux soins...). Les bovins sont engraissés dans des conditions peu respectueuses des besoins de leur espèce. Ils sont souvent sales et disposent d’un espace extrêmement réduit, optimisé au maximum pour des soucis d’économie d’échelle.
- Les règlementations environnementales n’ont pas suivi la concentration des élevages. Les « Feeds lots » se caractérisent par l’absence de pâturage et la concentration de lisier.
- De plus, l’élevage bovin contribue à la déforestation de la forêt amazonienne à un rythme de 1,6 million d’hectares par an.
Le modèle d’élevage herbivore français, ancré dans les territoires, multiplie les atouts sociétaux et environnementaux :
L’élevage herbivore français valorise les sols et les ressources locales : prairies, cultures, races bovines.
- 200 000 élevages en France.
- Les élevages reposent sur une production familiale avec environ 60 vaches par éleveur sur en moyenne 60 hectares de prairies et de fourrages.
- Les troupeaux sont alimentés à 80 % d’herbe et 20 % de céréales.
- 90 % de la ration alimentaire des troupeaux est produite par les éleveurs sur leur ferme.
- 100 % des fermes valorisent le fumier comme engrais pour leurs sols.
L’élevage herbivore français offre une gamme diversifiée de viandes de haute qualité nutritionnelle et sanitaire
- Chaque bovin est identifié et suivi individuellement tout au long de sa vie.
- Tous les produits animaux sont tracés de la fourche à la fourchette.
L’élevage herbivore français génère de l’emploi et une vitalité économique dans les territoires ruraux.
- 260 000 emplois directs dans les élevages français,
- 225 000 emplois indirects dans les filières et les services
- 1 % des actifs sont des éleveurs et ils contribuent à nourrir 67 millions de français.
L’élevage herbivore français façonne les paysages et contribue à un environnement de qualité.
- 13 millions d’hectares de prairies en France, soit 45 % de la surface agricole.
- 570 kg de carbone stockés sous chaque hectare de prairie permanente, ce qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique et favorise la biodiversité.
- 700 000 km de haies, habitat de la biodiversité, sont entretenus par les agriculteurs français, soit 17 fois le tour de la Terre.
- Les éleveurs respectent un ensemble de normes environnementales européennes et nationales grâce auxquelles ils concourent à la bonne qualité de l’eau.
Les éleveurs français sont engagés dans des démarches collectives et de progrès.
- Chartes de bonnes pratiques, programme « 4 pour 1000 », LifeCarbonDairy,…
- + de 10 000 conseillers accompagnent les éleveurs dans une recherche de performance économique, environnementale et sociale.
- Les filières d’élevage travaillent en concertation avec les ONG pour identifier les travaux à engager.
Les enjeux de la mise en avant des viandes françaises sont multiples : sauvegarde du modèle d’élevage français répondant aux attentes sociétales et des consommateurs, qualité, proximité d’approvisionnement, garantie de sécurité sanitaire, soutien à la présence des éleveurs sur l’ensemble des territoires et à l’installation de jeunes agriculteurs, … Au restaurant, au self, à la cantine… n’importons pas la viande bovine que nous ne voulons pas dans notre assiette !