Perspectives de marché pour les viandes de bœuf et de veau françaises
Hausse des prix de la viande : quelles en sont les raisons ?
Les augmentations de prix ont débuté à la fin de l’année 2021, et se sont accentuées à partir de 2022. Comme l’illustre le graphique ci-dessous, ce ne sont pas seulement les viandes de bœuf et de veau qui contribuent à cette hausse, puisque l’indice des prix à la consommation de la viande (en orange) demeure inférieur à celui des produits alimentaires dans leur ensemble. Ce phénomène ne concerne pas uniquement la France, mais s’observe à l’échelle européenne.
Voici trois facteurs principaux qui contribuent à la poursuite de cette augmentation des prix :
N°1 : la décapitalisation en France et en Europe : un phénomène préoccupant.
Depuis 2016, le cheptel bovin français diminue à un rythme annuel de 2 %, soit une perte de 1,1 million de vaches en huit ans (de décembre 2016 à décembre 2024). Les principales raisons de cette décapitalisation sont :
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Baisse du nombre d’agriculteurs : 50 % d’entre eux seront en âge de partir à la retraite d’ici à 2030. 3 départs sont constatés pour 1 installation en moyenne aujourd’hui. -> Le renouvellement des éleveurs est insuffisant à cause principalement des revenus peu attractifs jusqu’alors.
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Aléas climatiques de plus en plus fréquents et sévères. Ci-dessous un état de la pousse de l’herbe, arrêtée en septembre 2022. Besoin en fourrages supérieurs à la normale pour alimenter le cheptel en année sèche -> beaucoup font donc le choix de réduire leur troupeau.
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Le changement climatique entraine des problèmes sanitaires de plus en plus récurrents et dévastateurs.
N°2 : un contexte sanitaire inquiétant pour les filières ruminantes
Ces maladies vectorielles émergentes (FCO, MHE) sont à l’origine d’importantes pertes de production et dont les conséquences sont :
- Baisse de la fertilité des animaux (= moins de naissances) ;
- Augmentation de la mortalité pour les nouveaux nés.
On remarque sur le schéma ci-dessous une baisse marquée du nombre de naissances, en lien avec la situation sanitaire, représentée par la courbe rouge. Ces pertes ont été plus marquées pour le cheptel allaitant que laitier, et affecteront la production de viande de l’année 2025 et des suivantes.
N°3 : les coûts de production restent élevés
Depuis 2021, on observe une hausse marquée des coûts de production au sein du secteur de l’élevage. De plus, cette augmentation ne concerne pas uniquement l’élevage, mais affecte également l’ensemble des entreprises de la filière, comme les abattoirs.
Abattoirs 2021-2023 :
- +1,59 € / kg pour les animaux
- +36 cts / kg pour les autres charges
Ces chiffres ne cessent d’augmenter aujourd’hui en raison des prix de l'énergie toujours élevés, augmentation du SMIC, etc…
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Pour résumer, ces trois facteurs — la décapitalisation, les crises sanitaires et l’augmentation des coûts de production — ont entraîné la perte de 3 millions de vaches en dix ans dans l’Union européenne, soit une baisse de 10 %. Ce recul touche l’ensemble des pays membres.
Conséquence : cela représenterait une menace pour notre souveraineté alimentaire, car notre capacité d’auto-approvisionnement (c’est-à-dire la consommation nationale de viande bovine par la production française) passerait de 90 % à seulement 67 % d’ici 2035, si la tendance actuelle se poursuit.
L’objectif de la filière : stopper cette tendance
Face aux risques de baisse de production et de perte de notre souveraineté alimentaire, la filière a pour volonté de préserver la production. Agir sur deux leviers :
1. Stabiliser le cheptel de vaches
2. Relocaliser une partie de l’engraissement
Les priorités d’INTERBEV pour reconquérir la souveraineté alimentaire :
- Développer la contractualisation pour sécuriser la rémunération d’éleveurs et assurer la pérennité des acteurs de la filière
- Promouvoir la viande française et lutter contre les importations
- Valoriser les atouts de notre modèle d’élevage autonome et herbager et l’engagement de la filière en matière de décarbonation